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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 11:17

En attendant la sortie de l’album Les voyages de Jhen – Le Haut-Koenigsbourg prévue pour l’automne 2006,
voici un rapide retour sur l’œuvre du dessinateur Jacques Martin et ses relations avec l’Alsace
.
(Article paru dans L'Ami hebdo du 6.8.2006)



Vous êtes né à Strasbourg en 1921 et avez passé une partie de votre enfance à Obernai. Pouvez-vous évoquer quelques souvenirs de cette époque ?


Il me reste d’excellents souvenirs de ma première jeunesse à Obernai où j’ai commencé mes années scolaires. Mon père étant devenu chef pilote d’essais à Villacoublay, près de Paris, nous avons déménagé en 1930. Dès ce moment-là, j’ai eu le spleen de l’Alsace malgré mon intégration à la jeunesse de Chatenay-Mallabry.


Martin-bousval-copie-1.jpg Jacques Martin dans son bureau à Bousval, en Belgique, dans les années 1980.

(Coll. J. Martin)

 

Parliez-vous l’alsacien dans votre enfance ?


Peut-être. Je ne me rappelle plus très bien, mais je suis certain que je le baragouinais. Cela m’a toutefois aidé à plus ou moins maîtriser l’allemand plus tard.

Vous avez également des racines familiales en Lorraine. Pouvez-vous nous en parler ?


Oui, mon père était originaire de la région de Thiaucourt – Beaumont – Seychpré, au nord de Toul. Il doit me rester quelques cousins dans cette région.


 La maison de la famille Martin à Obernai jusqu’en 1930. (Coll. J. Martin)

 


L’installation, en 1930, de votre famille dans la région parisienne vous a permis d’échapper à l’incorporation de force des jeunes Alsaciens et Mosellans dans l’Armée allemande mise en vigueur en 1942. Par contre, vous avez été requis au STO et envoyé aux usines Messerschmitt d’Augsbourg, puis de Kempten. Aviez-vous connaissance, à cette époque, du sort des Alsaciens et des Mosellans versés d’office dans la Wehrmacht ou les Waffen-SS ? Avez-vous rencontré de ces jeunes «Malgré-Nous» lors de votre séjour forcé en Allemagne ?


Oui, j’ai été requis par le STO le 12 juillet 1943 et, dès le mois de septembre, j’ai eu l’occasion de discuter avec des jeunes de la Wehrmacht qui étaient des Alsaciens. Ils m’avaient repéré en tant que Français. C’étaient des permissionnaires du front de l’Est qui m’ont alors décrit leur triste sort. Ils m’ont même envié d’être obligé de travailler pour les usines Messerschmitt !

 

Plusieurs de vos albums, comme La grande menace, L’arme absolue (Lefranc) ou La cathédrale (Jhen) ont pour cadre l’Alsace. Quelle a été la genèse de ces aventures «alsaciennes» ?


Tout simplement mon amour pour l’Alsace, territoire que je n’ai jamais oublié car j’y ai vécu les plus belles années de ma jeunesse.

 

 

Lefranc à Obernai, dans L’arme absolue (1982). (©J. Martin/G. Chaillet/ Ed. Castermann).

 

 


Avez-vous eu des échos de la part de lecteurs alsaciens suite à la parution de ces albums ?


Bien sûr ! Et je n’oublierai jamais le succès de la dédicace organisée à Obernai lors de la sortie de L’arme absolue (Lefranc). La place de la ville, lorsque je suis arrivé, était noire de monde et j’ai cru qu’il s’y tenait le marché ! On m’a vite détrompé : tous ces gens étaient les lecteurs qui m’attendaient. De même, la plus formidable dédicace que j’ai jamais faite s’est déroulée à la libraire Kléber, à Strasbourg, lors de la sortie de l’album La cathédrale (Jhen). Il y avait tant de monde que la police est venue voir ce qui se passait et a réprimandé le libraire pour ne pas avoir prévu des barrières Nadar pour contenir la foule qui était dehors ! Ces jours derniers, la ville d’Obernai m’a demandé de dédicacer une série d’albums (La grande menace et L’arme absolue) afin de la distribuer aux responsables du «Tour de France».

 


martin--cole-copie-1.jpg Jacques Martin, en juin 1982, dans la cour de sa première école à Obernai. (Coll. J. Martin)

 

 
Dans L’arme absolue, une scène a souvent interpellé les spécialistes du Moyen Age alsacien : Lefranc se retrouve face à l’entrée d’un château fort surveillée et barricadée pour cause de fouilles archéologiques. Cette scène est-elle liée à un souvenir particulier ?

Evidemment, car je me suis personnellement fait éjecter d’un site archéologique vosgien de manière très rude. Alors, j’ai reproduit cette scène dans l’album.

Vos héros – que ce soit Jhen, Alix, Lefranc ou Loïs – reviendront-ils dans un futur album courir l’aventure en Alsace ?

C’est bien possible, mais il faudrait que je trouve un excellent sujet. Mais nous avons en préparation un Voyage de Jhen sur Strasbourg, avec Muriel Chacon pour les dessins.

 
                                                                                                                                       Propos recueillis par Nicolas Mengus



Depuis la publication de cette entrevue, l'album Les voyages de Jhen - Strasbourg (avec Muriel Chacon) est paru en 2007. Jacques Martin a aussi fait paraître ses mémoires et dessins sur le STO en 2009 (avec J. Maeck et P. Weber) sous le titre Carnets de guerre.



Jhen au sommet de la cathédrale de Strasbourg (album La cathédrale, © J. Pleyers/J. Martin/ Ed. Casterman)





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